Les savoirs ancestraux

des tisaniers

Sur l'île de La Réunion, les plantes endémiques continuent de soigner les hommes. Les « tisaniers cueilleurs » perpétuent la tradition en cultivant et transformant des espèces aux vertus éprouvées au fil des générations. Leurs plantes constituent aujourd'hui une véritable pharmacopée.

Faire pousser des tisanes qui soignent

Franswa Tibère est un cueilleur de tisanes; il a décidé de renouer avec l'héritage familial, après un accident qui l’a plongé dans un coma à 28 ans, en cultivant des plantes médicinales sur un lopin de terre à La Réunion. Il perpétue ainsi la tradition des « tisaneurs Péi », ces hommes et femmes qui connaissent les vertus des multiples plantes endémiques comme alternatives à certains traitements médicamenteux.

Sur ses terres des hauts de Saint-Paul, à Taxi Brousse, Franswa Tibère fait pousser des plantes médicinales qu'il transforme en tisanes, huiles essentielles et remèdes traditionnels, les « zerbaz péi ». Très actif dans sa communauté, il partage généreusement sa passion lors d'ateliers organisés à Taxi Brousse. Sur l’île, dont les pratiques des soins par les plantes sont encore très ancrées dans les familles, les tisaneurs sont très respectés. Ils font partie des rares personnes à encore connaitre les vertus des différentes plantes et à détenir une autorisation de prélèvement dans la forêt.

Pour une reconnaissance de ces médicaments alternatifs

Les plantes médicinales et autres breuvages traditionnels sont utilisés pour des maladies chroniques comme le diabète, par exemple, mais aussi pour des maladies d'un nouveau genre. Franswa Tibère est d’ailleurs connu comme le tisaneur ayant mis au point un remède efficace contre le chikungunya, en alternative à la médecine allopathique. Sa découverte lui confère une certaine célébrité.

Les « tisaneurs » de l’île se sont regroupés au sein de l'association Aplamedon, créée en 1999, pour structurer cette activité artisanale en véritable filière. Les forêts réunionnaises sont pleines de ressources. Elles abritent 1708 espèces végétales, dont 234 endémiques et 200 plantes médicinales, dont 19 sont déjà inscrites à la pharmacopée française. L'association prend un soin particulier à transmettre ces savoirs aux nouvelles générations en les incitant à confectionner des herbiers sous la houlette de leurs anciens. Administrée par des bénévoles du milieu médical, universitaire, industriel et agricole, un de ses objectifs est de valider scientifiquement les bénéfices des plantes sélectionnées.